PISTES D' HOMELIE POUR LE DIMANCHE DE LA MISSION UNIVERSELLE
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29ème dimanche ordinaire B. ( 20 octobre 2024 )
( Is 53, 10-11; Ps 32; He 4, 14-16; Mc 10,35-45 )
En ce dimanche de la Mission Universelle de l’Eglise, qui clôture la semaine Missionnaire mondiale, les lectures du jour mettent particulièrement l’accent sur ce qui caractérise un véritable missionnaire : prendre le tablier de service et se faire serviteur de la mission et de ses frères !
La 1ère lecture parle du Serviteur souffrant qui donne sa vie pour sauver ses frères, préfigure de Jésus-Christ qui a donné sa vie sur la Croix pour que l’Homme soit racheté de ses fautes et soit sauvé : « Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes ».
La seconde invite à « rester ferme dans l’affirmation de notre foi », car « en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence ». Jésus qui, comme nous l’avons vu dimanche dernier, est celui qui nous invite à le suivre et nous conduit au Père afin de participer, avec Lui, au Noces du Royaume où tous, qui que nous soyons ou ayons fait, sommes invités, ce qui rejoint le thème retenu par le Pape François pour cette semaine Missionnaire mondiale : « Allez et invitez tout le monde à la noce ». Invitation adressée à chacune et chacun avant la Communion : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! », invitation à laquelle nous répondons par la reconnaissance de notre indignité mais surtout par notre grande confiance en la Miséricorde du Père qui nous invite à vivre avec Lui dans son Royaume : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dit seulement une parole et je serai sauvé ! »
Dans l’Evangile, Jésus invite ses disciples à prendre le tablier de service et non celui du maitre, « celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur », de la même manière que Lui, le Maître et Seigneur, le fera lors de son dernier repas lors du lavement des pieds de ses disciples !
- Pistes d’homélie -
- Pour bien comprendre l’enjeu de la question de Jacques et Jean à Jésus, il faut, savoir qui étaient Jacques et Jean par rapport à Jésus, et la resituer dans son contexte.
L’Évangéliste Marc les caractérise comme étant « les fils de Zébédée » et St Matthieu, comme étant également les fils de « Salomé » ! Salomé qui se trouve au pied de la Croix avec Marie, la Mère de Jésus, Marie de Magdala, ainsi que Marie, mère de Jacques et de Joseph.
Et dans les traditions chrétiennes, Salomé est aussi considérée comme étant la demi-sœur de Marie, la mère de Jésus, dès-lors, à l’instar de Jean-Baptiste, Jacques et Jean seraient des cousins de Jésus.
- Au niveau du contexte, les versets qui précèdent ceux de l’Evangile du jour, précisent que Jésus et ses disciples sont en route vers Jérusalem et que les disciples pensent que Jésus allait chasser l’occupant Romain et instaurer la Royauté en Israël.
Le contexte est également celui de la 3ème annonce de sa Passion faite par Jésus: « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. », Marc précisant même que « Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. »
- Cela permet sans doute mieux comprendre l’attitude de Jacques et Jean, ou celle de leur mère, Salomé,
dans l’Évangile selon St Matthieu, qui profitent de leur situation familiale par rapport à Jésus pour obtenir de sa part des avantages matériels : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. », ce qui a eu le don de mettre les autres disciples en colère car, eux aussi, comme Pierre le dira, ont tout quitté pour suivre Jésus.
- Nous voici devant une querelle bien humaine. Des gens qui font appel à quelqu'un de haut placé pour obtenir une faveur par rapport aux autres.
Par sa réponse aux deux frères, Jésus aide à voir les choses autrement. Il commence par une mise au point sur la demande de Jacques et de Jean : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Autrement dit, pour Jésus la prière n'est pas destinée à faire plier la volonté de Dieu au propre désir humain. Dieu qui sait ce qui est bon pour l’Homme avant que celui-ci le Lui demande. Prier c'est avant tout se tourner vers Dieu pour s’ajuster à Lui. Dieu qui a quelque chose de bien plus important à donner à celui qui le prie. Et si, par ailleurs, Jésus demande d'insister dans la prière, c'est pour qu'elle se purifie, pour qu'elle devienne plus conforme à ce projet de Dieu pour l’Homme. Jésus invite donc ses disciples à sortir de leurs perspectives et désirs trop humains : « « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »
- S'adressant alors aux Douze, Jésus leur fait comprendre que le Royaume de Dieu n'est pas de ce monde. Il n'a que faire des arrivistes et des profiteurs. On n'y entre pas comme dans une société. On n'y fait pas carrière. Ainsi, dans l'Eglise, l'autorité sera envisagée comme un service. Et aujourd’hui, le Pape François ne cesse de le rappeler sans cesse tout en étant, d’ailleurs, le premier à montrer l’exemple. Il n'est pas question de briller mais de s'effacer. Pour comprendre cela, il suffit de regarder vivre le Christ ; Lui-même dit qu'il n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
- Quelques précisions s'imposent au sujet de ce mot « rançon ». Aujourd'hui, nous le comprenons souvent dans le contexte d'une prise d'otage ou d’un chantage. Une somme est payée pour obtenir la libération d'un prisonnier ou la fin du chantage. Dans ce cas, la rançon désigne le montant à verser. Mais à l'époque du Christ, ce mot avait un tout autre sens. Il signifiait « libération ». En définitive, c'était la seule chose importante. Il s'agissait ici de Jésus qui allait donner sa vie pour la libération de la multitude. Jésus venu, et qui vient encore tous les jours, délier l’Homme, le détacher de ses servitudes, le délivrer de son péché qui le retient loin de Dieu.
Notons au passage que l'Ancien Testament révèle un Dieu qui fait tout pour libérer et sauver son peuple.
- La bonne nouvelle de ce dimanche, c'est précisément la libération de la multitude. Avec et par le Christ, l’Homme n’est plus esclave de rien, ni de personne, ni de l'argent, ni de l'ambition du pouvoir et de la possession. Mais cela ne sera possible que si, en toutes circonstances, il se laisse conduire par l'Esprit de Dieu, l’Esprit Saint. Esprit Saint reçu au Baptême et, lors de la Confirmation, en plénitude à travers les sept dons.
- Voilà cette bonne nouvelle que rappelle aussi ce dimanche qui est celui des missions. De par le Baptême et la Confirmation, chaque baptisé est véritablement envoyé pour témoigner de cette Bonne Nouvelle de la libération de l’Homme. Envoyé non pas nécessairement en pays de mission comme le sont les missionnaires, mais bien envoyé là où il vit, c’est-à-dire dans sa famille, sur son lieu de travail, dans son quartier, sa paroisse, pour y témoigner de la Bonne nouvelle de Jésus-Christ et la rayonner autour de lui. Et comme envoyé, il est donc bien un serviteur de l'Évangile. Il ne faut jamais oublier que la parole de Dieu est parole d’Amour, dès lors qu’il est important de ne pas en donner une contrefaçon mais bien de suivre l’exemple du Christ.
- En ce dimanche de la Mission universelle de l’Eglise, pensons spécialement à tous les prêtres, diacres, religieux, religieuses, mais aussi à tous ces laïcs qui sont engagés dans l'annonce de cette Bonne Nouvelle, que ce soit dans les jeunes Église, ou plus simplement dans nos pays déchristianisés. Beaucoup sont confrontés, plus encore aujourd’hui qu’hier, à des situations très douloureuses : violences, persécutions, génocides, famine. N’oublions pas que, tous, nous formons une seule Église, le même Corps du Christ, comme l’a si bien exprimé l’Apôtre Paul. Ainsi, quand un membre souffre, c’est tout le corps qui en porte les conséquences. Ceci est un appel pour chacune et chacun à un plus grand engagement, dans la prière, à la solidarité et l’urgence de l’annonce de Jésus Christ.
- La mission de l'Eglise est avant tout « service ». Le disciple de Jésus-Christ ne travaille pas à son propre compte mais pour celui de Jésus Christ qui appelle et envoie. Le plus beau titre donné au pape n'est pas « souverain pontife » mais « serviteur des serviteurs. » Dans l'Eglise, tous celles et ceux qui ont une responsabilité sont invités à imiter le Christ serviteur. Comme Lui, à se mettre à genoux devant leurs sœurs et leurs frères et à leur « laver les pieds ». Le Pape François nous y invite d’ailleurs régulièrement par sa manière d’être. Comme et avec Jésus sachons prendre la dernière place, là où l'on sert les Hommes et là où l'on sert Dieu.