Mgr. François Abeli Muhoya Mutchapa rend visite à Missio Belgique
La ville éponyme du diocèse de Kindu est située à 1 800 km de Kinshasa et à 500 km de Goma. Le diocèse est 2,7 fois plus grand que la Belgique et compte quelque 480 000 catholiques, soit environ 30 % de la population. Mgr François Abeli Muhoya Mutchapa, évêque du diocèse depuis près de cinq ans, s'est rendu en Belgique pour rencontrer des prêtres et religieux diocésains qui s'y trouvent actuellement en formation. Il a profité de l'occasion pour rendre visite à Missio le 25 mars 2025 et remercier toutes celles et tous ceux qui soutiennent des projets dans son diocèse par l'intermédiaire de notre organisation.
« Avec 62 prêtres et environ 80 religieuses et religieux, nous essayons de maintenir notre diocèse à flot », a d’emblée indiqué Mgr. Mutchapa lors de sa visite. « Heureusement, nous pouvons aussi compter sur de nombreux catéchistes formés (comparables chez nous aux assistants paroissiaux) qui accompagnent les communautés de base vivantes et les secteurs pastoraux dans leur expérience de foi. Ils assurent des services de prière et des services funéraires. Et, surtout pendant la saison sèche, les prêtres se rendent aussi dans les endroits reculés pour les sacrements et l'Eucharistie. La synodalité, et en particulier le rôle des laïcs dans l'Église, y est établie depuis longtemps ».
Pas d'Église sans laïcs
« Sans laïcs, il n'y a pas d'Église possible », a souligné l'évêque. « L'infrastructure routière y est quasiment inexistante et les déplacements des prêtres vers les différentes paroisses, au nombre de 20 dans le diocèse, prennent beaucoup de temps. Pendant la saison des pluies, il n'y a pratiquement pas de circulation. La communication est largement écrite, comparez-la un peu à celle de Paul, mais elle nous lie vraiment dans une communauté de foi ».
Missio ou les Œuvres Pontificales Missionnaires y sont également connues. « Tout le mois de janvier est consacré à la pastorale des enfants et des adolescents, ainsi qu'à la collecte pour les projets d'enfants avec les animations nécessaires », poursuit Mgr Mutchapa. « Dans les paroisses, on célèbre l'eucharistie avec différentes écoles. Les enfants sont alors au centre de l'attention. Enfin, le mois d'avril est consacré à la formation des prêtres, des religieux et des laïcs, sans oublier le dimanche des vocations. Le mois d'octobre est également célébré comme étant le mois des missions.
Intentions de messe
« Mais la situation dans notre diocèse limitrophe du Kivu, Goma étant à 500 km de Kindu, ne facilite certainement pas les choses. Plus rien ne parvient de Goma dans notre diocèse et les prix ont déjà augmenté de plus de 30 %. Les prêtres, qui sont soutenus par les fidèles, ont à peine de quoi survivre. Nous sommes dans un cercle vicieux : la communauté soutient les prêtres, mais il ne reste rien, et les pauvres viennent demander de l'aide et de l'assistance aux prêtres. Mais si les prêtres n'ont rien, ils ne peuvent rien donner non plus. ».
La demande d'intentions de messe de l'évêque ne surgit donc pas de nulle part. Elles peuvent aider ces prêtres à survivre et il restera toujours quelque chose pour les fidèles qui s'adressent à eux pour obtenir de l'aide. « Nous sommes pleinement engagés dans l'autosuffisance, mais pour l'instant nous n'y parvenons pas et nous demandons donc de l'aide extérieure », a-t-il déclaré.
La vie dans la région n'est pas non plus sans danger. En particulier à la frontière avec les provinces du Kivu, les prêtres sont parfois menacés et vivent dans la peur. Les paroisses sont aussi souvent prises d'assaut. « Sachant que les prêtres, les religieux et les paroisses se soucient de la population, ils sont pris pour cible. Par exemple, les moustiquaires distribuées aux femmes enceintes et aux enfants ont déjà été considérées comme des armes. La région de Punia, au nord du diocèse et non loin du Kivu, en souffre beaucoup. L'espoir, surtout en cette année de jubilé, maintient les gens débout ».
Rêves
Kindu, capitale de la province et siège épiscopale du diocèse, est coupée en deux par le fleuve Congo. Ce qui fait que deux paroisses riveraines, l'une comptant environ 32 000 fidèles et l'autre 26 000, rêvent d'une paire de moteurs hors-bord pour se déplacer plus facilement par voie fluviale. L'achat d'un moteur à plus de 3 500 euros n'est pas une option envisageable pour le moment. Les fidèles continuent donc de rêver… ou plus exactement, d’espérer.
Tom Heylen