Pour qui ou pourquoi laisser nos portes ouvertes?

Théogène HavigimanaLe 20 mars dernier, plus de 40 personnes se sont rendues à Groenhove pour un moment de partage et d'impulsion organisé par le service de la pastorale missionnaire du diocèse de Bruges et Missio Belgique. L’abbé Théogène Havugimana, directeur de Missio-Belgique et curé de la zone pastorale de Haacht, a saisi cette occasion pour nous emmener à la recherche d'une réponse à la question suivante : « Dans quelle mesure sommes-nous ouverts de l'intérieur en tant qu'Église ? Un voyage fascinant qui nous a tous incités à réfléchir sur nous-mêmes, sur notre communauté de vie et notre communauté de foi.

L’Abbé Havugimana est en effet allé droit au but : « Alors que le pape François vivait encore sa vie de cardinal Bergoglio, dans la perspective du conclave qui l'a élu pape, il avait déjà clairement indiqué que nous devions choisir entre deux images de l'Église : une Église évangélisatrice qui sort d'elle-même ou une Église repliée sur elle-même. Lors du lancement de l'année jubilaire en cours, le pape a de nouveau souligné les défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu'Église, à savoir travailler au renouvellement, faire preuve d'enthousiasme et s'ouvrir au monde ».

La seule façon de relever ces défis est de maîtriser la vertu d'espérance. En insistant sur l'Espérance, l'apôtre Paul a loué le courage de la communauté chrétienne de Rome, qui était confrontée aux mêmes défis, à savoir la peur d'affronter la nouveauté, le manque d'enthousiasme et la mise à l'écart. L’abbé Havugimana a très clairement suggéré à l'auditoire de faire un exercice pour se regarder, regarder sa communauté ou sa paroisse et se poser la question suivante : « Sommes-nous fiers et enthousiastes à l'idée d'être missionnaires ? Ou nous contentons-nous de conserver les traces du passé, inquiets et incertains quant à notre avenir ?

La porte de la vie en abondance
Pour l’abbé Havugimana, l'Église n'a qu'une solution : ouvrir ses portes au monde. Si la porte de l'Église est fermée, elle trahit sa propre mission, affirme-t-il sans ambages. L'Église doit être ouverte, être une Église « para todos - pour tous », comme l'a dit le pape à 1,5 million de jeunes lors des Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne en 2023. Et il poursuit : « En effet, l'Église est apostolique parce qu'elle est envoyée pour répandre l'Évangile dans le monde entier. Elle suit le chemin de la mission que Jésus a confiée aux apôtres. »

Le pape François est clair lorsqu'il s'adresse à nous en tant que « pèlerins de l'espérance » au début de l'année jubilaire : « Dans un monde où la hâte est devenue le moteur, nous nous sommes habitués à vouloir tout et tout de suite. Nous n'avons plus le temps de nous rencontrer et souvent, même au sein des familles, il devient difficile de se retrouver pour discuter tranquillement. La patience est mise à mal par la précipitation, la mise à l'écart des individus. Il en résulte de l'intolérance, de la nervosité et parfois même une violence insensée qui conduit au mécontentement et à l'isolement ».

Que cherche le pèlerin ?
« Le pèlerin prend l'initiative », relève Raymond Lemieux, professeur émérite en sciences religieuses (Québec), et, comme les migrants et les errants, il vit d'espérance. Il fait une pause, puis se met en marche et cherche une destination.
« Ne devrions-nous pas le faire aussi en tant qu'Église, soutient l’abbé Havugimana, nous lancer dans l'aventure d'un pèlerinage ? Également en trois étapes : lâcher ce qui nous est familier, agir pour ensuite atteindre une destination 'privilégiée'. »
« Dans son exhortation La joie de l'Évangile, le pape François nous exhorte à être une 'Église en marche', une Église qui va à la rencontre des coins existentiels de l'humanité », a-t-il déclaré. « Sortons, sortons pour offrir la vie de Jésus-Christ au monde ». La question est de savoir comment nous abordons cette « nouvelle sortie » missionnaire. Comment pouvons-nous atteindre les périphéries de l'humanité, en tant qu'Église et non en tant qu'organisation humanitaire ? La réponse semble simple : regardons le Christ !

La porte comme image
« Le pape François nous invite à utiliser l'image de la porte », a poursuivi l’abbé Havugimana. « Cette image peut nous faire découvrir notre place et notre mission, avec le Christ comme lieu de rencontre, pour apporter au monde son message, et non le nôtre. »

Une porte peut nous offrir une protection, une intimité, dans la vie de tous les jours. La porte peut ainsi être une frontière que nous devons franchir pour rencontrer d'autres personnes, ou ne pas franchir si nous choisissons de ne pas rencontrer d'autres personnes. « La valeur religieuse de la porte est bien connue dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Une porte ouverte est synonyme d'hospitalité, une porte fermée signifie qu'il est impossible d'entrer ».

Nous avons ensuite entrepris un mini-pèlerinage autour de Jérusalem, tel que décrit dans le livre du prophète Néhémie. Les 10 portes de la muraille y sont décrites. « Regardez les 10 portes de la muraille de Jérusalem telles qu'elles sont présentées l'une après l'autre dans le chapitre 3 du livre de Néhémie. La signification des noms dans leur ordre nous donne une image de la croissance progressive dans la vie spirituelle d'un croyant, depuis le moment où il renaît par la foi en Jésus comme Sauveur jusqu'à celui où il est conduit dans la gloire. »

Une seule des dix portes n’est jamais fermée à clé, la première porte ou porte des brebis. Tout le monde est invité à franchir cette porte à tout moment, car Jésus dit : « Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, sortira et trouvera un pâturage. (...) Je suis le bon berger » (Jn 10,7.9.11).

À chacune des dix portes, nous pouvons nous demander si, en tant qu'individus, en tant que communauté ou en tant qu'Église, nous voyons des signes indiquant la porte. Quelle est la porte à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui ? Est-elle fermée ou ouverte ? En tant que chrétiens, nous sommes tous appelés à participer à la reconstruction de l'Église, à amener les gens à Dieu. Gardons-nous la porte de cette Église grande ouverte ? C'est la tâche que l’abbé Havugimana a confiée à l'auditoire.

Pauline JaricotUne connexion mondiale
Pour être ouverts et témoigner de l'Espérance en tant qu'Église, nous avons de nombreux exemples inspirants. L'un d'entre eux est la bienheureuse Pauline Jaricot. Sa vie a été marquée par ses paroles : « Si seulement je pouvais aimer.... sans mesure, sans fin... À l'âge de 17 ans, elle a lancé un appel à l'amour sans fin. C'est ainsi qu'est née l'Œuvre de la Propagation de la Foi, qui a ensuite donné naissance aux Œuvres pontificales missionnaires (Missio) d'aujourd'hui. Grâce à elle, des milliers d'endroits sur cette terre ont pu découvrir l'Évangile. Elle a également lancé un réseau mondial de prière, le « Rosaire vivant », pour accompagner et aider les gens à prier en toute simplicité. Aujourd'hui, ce chapelet vivant relie encore de nombreuses personnes à travers le monde. Pour chaque continent, priez trois « Je vous salue Marie », la première partie dans la langue du continent. Priez la deuxième partie dans votre langue maternelle. Quinze Je vous salue Marie nous relient ainsi au monde entier, vous font embrasser le monde. Le Pape François décrit cette initiative de Pauline Jaricot comme « un signe du Cœur du Christ qui embrasse le monde entier ».

Notre mission, notre avenir
La mission reste la même, mais le monde change. À ce propos, l’abbé Havugimana précise : « Les changements très profonds et souvent inquiétants exigent de nouvelles approches missionnaires. Comme si la sécularisation ne suffisait pas, nous assistons chaque jour à des situations, comme l'a dit le pape François à l'ouverture de l'année jubilaire, dans lesquelles « l'amour est mis à l'épreuve lorsque les difficultés augmentent et que l'Espérance semble disparaître face à la souffrance ». En 1985, de la bouche du pape Jean-Paul II ont retenti ces mots : « non abbiate paura (n'ayez pas peur) ». Il lança cet appel à des milliers de jeunes sur la place Saint-Pierre ».

Aujourd'hui, en cette année jubilaire, l'Espérance est notre guide, une espérance qui ne déçoit pas en « accordant une attention particulière aux plus pauvres et aux plus faibles, aux malades, aux personnes âgées, aux exclus d'une société matérialiste et consumériste. Ce sont eux qui nous apprendront à vivre dans l'Espérance », comme l'a déclaré le pape François lors de l'ouverture de l'année jubilaire.

« Ce dont le monde a besoin aujourd'hui, c'est d'une espérance pour tous », a conclu l’abbé Théogène Havugimana dans son invitation à une Église ouverte à tous.

Tom Heylen