Stefaan Lecleir est un prêtre belge. Il travaille dans le diocèse de Yambio, au Soudan du Sud, l’un des endroits les plus reculés de la planète. Nous le remercions d’avoir accepté de nous parler de la vie dans sa paroisse.
Le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, j’ai fêté mes trois ans au Soudan du Sud. La région où je vis est sûre, particulièrement dans la paroisse où je passe quatre jours par semaine. C’est un territoire immense où environ 70 000 personnes vivent dispersées dans 16 villages et hameaux.
Les paroissiens cultivent du manioc, des patates, du maïs, des arachides, et des poules et chèvres circulent entre les huttes. L’herbe pour les toits et les poteaux pour les habitations ne manquent pas. Les habitants fabriquent eux-mêmes leurs briques avec l’argile des termitières. Chaque village ou hameau possède un espace de prière et quelques abris pour une petite école. Il y a aussi un marché, mais l’essentiel de leur subsistance vient du travail de leurs mains.
L’Évangile en action
Nous avons créé de petites pharmacies, construit une dizaine d’écoles et foré sept puits. Là où des terres libres sont disponibles, un nouveau hameau peut apparaître. La veille de Noël, nous sommes allés avec des jeunes à Nakofo, l’un des nouveaux hameaux, pour une soirée de prière, de théâtre, d’eucharistie et de convivialité : Noël dans l’un des endroits les plus isolés du monde !
L’âge moyen ici est de 18 ans. Les activités pour enfants et jeunes attirent toujours du monde. Notre camp pour enfants pendant “les grandes vacances” (en janvier) a rassemblé 96 participants. Les enfants, enthousiastes, sont arrivés avec un drap et quelques vêtements de rechange 13 pour chanter, prier, jouer des scènes … On voit l’Évangile prendre vie. Les enfants savent que Jésus est là pour eux. Ils sont remarquablement joyeux, mais savent aussi se calmer au bon moment.
Pour un groupe de 30 jeunes, nous avons organisé un premier camp. Dans une forêt, ils ont construit des huttes avec des feuilles de palmier, cuisiné en équipe et aménagé un bel espace de prière pour le Saint-Sacrement.
Le centre jeunesse Valdocco
Ce ne sont pas seulement les enfants et les jeunes, mais aussi les adultes qui regardent l’Église avec Espérance. C’est un lieu où ils peuvent grandir. La prière et leur foi les font avancer. Chaque dimanche, je visite un village pour confesser et célébrer l’eucharistie. Je baptise aussi beaucoup d’enfants. Tout se passe en pazande, la langue locale. J’y collabore avec le comité pastoral local, les catéchistes et les responsables des groupes de prière. Pour les jeunes, nous organisons prière, réflexion et jeux.
Les jeunes qui y participent sont des collaborateurs réguliers. Une trentaine d’entre eux vivent ensemble dans le centre des jeunes que nous avons baptisé “Valdocco”, dans l’esprit de Don Bosco. Il s’agit d’un grand terrain sous des manguiers, avec des huttes servant de dortoirs, cuisine et réfectoire. Les jeunes ont aussi une belle chapelle pour la prière quotidienne. Ils cultivent la terre, vont à l’école, visitent les malades et forment une famille unie autour de la table et des jeux. En fin de journée, ils prient le chapelet. Par l’intercession de Marie, Mère de l’Espérance, ils prient pour un bel avenir pour eux-mêmes et pour tous ceux qu’ils rencontreront sur leur chemin.
Stefaan Lecleir,
Prêtre du diocèse d’Anvers
Ancien professeur au séminaire de Namur
Prêtre Fidei Donum dans le diocèse de Yambio (Soudan du Sud).