L’affiche de cette année montre sept jeunes ayant participé en février 2025 au pèlerinage pour la paix dans le diocèse de Rumbek. Le Père Alan Neville MSC, missionnaire irlandais, y a également pris part et nous en donne des échos mémorables et inspirants.
Apporter la paix : c’est peut-être le défi le plus crucial et le plus difficile pour l’Église catholique au Soudan du Sud. Les conditions sont, pour le moins, complexes.
La joie et l’optimisme qui ont suivi l’indépendance chèrement acquise du pays ont été de courte durée. La guerre civile de 2013 a fait plus de 400.000 morts, des millions de déplacés et d’innombrables hommes, femmes et enfants traumatisés. Début 2024, plus d’un million de personnes ont encore fui le Soudan voisin, ravagé par la guerre. La situation est qualifiée de pire crise humanitaire au monde.
D’une idée à une tradition
Comment répondre à une telle destruction ? “Et si nous marchions ensemble ?”, a proposé soeur Orla Treacy, des soeurs de Loreto. En février 2023, elle a conduit un groupe de jeunes à pied du centre du Soudan du Sud jusqu’à Juba, pour accueillir le pape François lors de sa première visite officielle dans le pays. Une expérience si marquante que les jeunes ont demandé à recommencer : c’est ainsi qu’est née une tradition annuelle.
Cette année, l’organisation était entièrement prise en charge par les jeunes. Nous, religieuses, religieux et prêtres, avons pu marcher à leurs côtés en toute simplicité, écouter leurs récits et partager leur Espérance. Le premier jour, une messe a été célébrée à la cathédrale de Rumbek, en présence du nonce apostolique nouvellement nommé au Soudan du Sud, Mgr Séamus Horgan, et de notre évêque Christian Carlassare.
En chemin
Nous avons parcouru plus de 125 km jusqu’à Aluak-Luak, dormant chaque nuit dans des salles de classe rudimentaires. Lever à 5h30, quelques étirements, et en route ! Les rencontres improvisées en chemin menaient souvent à une question centrale : “Comment votre marche contribue- t-elle à la paix ?”
Jusqu’à récemment, ces routes étaient dangereuses : violences, vols et tirs étaient monnaie courante. Le fait de marcher sans armes ni escorte policière était déjà un signe de changement. Plus frappant encore : des jeunes de groupes ethniques traditionnellement ennemis avançaient côte à côte. Leur capacité à oeuvrer ensemble pour la paix a renforcé notre message d’Espérance. Au coucher du soleil, la population locale nous rejoignait pour la messe et un repas simple, fait de riz et haricots.
En fin de semaine, trempés et — pour ma part — un peu brûlés par le soleil, nous rentrions heureux. Avec, peut-être, une nouvelle gratitude pour l’eau courante et les toits en tôle. Mais surtout, ces jours partagés entre nous et avec les personnes rencontrées ont été un témoignage silencieux et joyeux de ce qui pourrait advenir : la paix pour un peuple las de la guerre, prêt à recommencer.
Voir aussi : Projet « Pèlerins de la paix dans le diocèse de Rumbek »
P. Alan Neville
Missionnaire du Sacré-Coeur d’Irlande
Aujourd’hui, les jeunes se préparent à marcher de nouveau pour la paix en février 2026.
Soutenez-les !